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Le sens de l’épure et la ligne efficace caractérisent le travail de Jean-Michel Tarallo.
On ne s’en étonnera pas : l’artiste a conservé de son métier initial de designer les notions de geste qui pense et de dessin dans l’espace. 


Poussant plus loin les limites, Jean-Michel Tarallo propose un étonnant salon : table basse et fauteuils dessinés en métal, à taille réelle, mais réduits à leurs seuls contours et donc sans usage possible. Dépourvus de remplissage, les meubles défient le regard. Il suffirait d’une arête ou d’un pied en moins pour que leur identité disparaisse. Leur présence même semble menacée d’évanouissement. Selon Platon, il existe le monde des Idées. Chaque chose y possède sa forme parfaite et éternelle vers lesquels l’artisan tourne les yeux afin de réaliser un objet qui incarne au mieux sa vérité.

Les œuvres de Tarallo semblent ainsi comme en suspension entre les deux mondes, arrêtés quelque part entre le ciel des Idées et leur manifestation sensible. Ils sont (comme leur titre l’indique) l’« âme » du meuble, leur principe, ou peut-être aussi, leur souvenir, ce qui reste quand la matière s’est dissoute.

 

Si les deux artistes travaillent ainsi chacun à une extrémité du spectre de la matière, dans la densité d’un côté, dans son évanescence dans l’autre, leur accord est pourtant évident. Peut-être justement par leur opposition, mais aussi parce que chacun, en repoussant les limites, est en quête d’essentiel : chez l’un, atteindre l’épure et le principe même de la forme, chez l’autre, toucher au surgissement de la lumière et des pulsations du monde.

 

Anne Malherbe

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